Astérix au service du mirandais, une langue du nord du Portugal
2005-09-16 10:56:06
LISBONNE (AFP)
Astérix, dont les aventures viennent d'être traduites et publiées en mirandais, a mis sa notoriété au service de cette langue régionale parlée par une poignée d'habitants du nord-est du Portugal.
"Comme le petit village gaulois d'Astérix qui résistait face à l'empire romain, le mirandais lutte pour résister dans un monde globalisé qui tend à s'uniformiser", souligne d'un air amusé Amadeu Ferreira, traducteur d'"Astérix, le Gaulois", le premier livre de la série.
"C'est symbolique bien sûr!", explique-t-il à l'AFP. "Mais, il est intéressant de remarquer que les plus petits ne doivent pas forcément se taire, se soumettre, s'effacer ou disparaître. Ils peuvent lutter pour s'affirmer", proclame ce professeur d'université, président d'une association luttant pour la défense du mirandais.
"Astérix L Gaulés" est sorti jeudi à Lisbonne en mirandais près de 40 ans après avoir été publié pour la première fois en portugais. La bande dessinée créée par Albert Uderzo et René Goscinny sera tirée à près de 4.000 exemplaires.
Cette initiative s'inscrit dans un projet plus vaste qui consiste à traduire la BD dans le plus grand nombre de langues étrangères possible, a expliqué Maria José Pereira, responsable de la maison d'édition portugaise Asa.
Devenu la seconde langue officielle du Portugal en 1999, le mirandais est parlée par un peu plus de 10.000 personnes dans les villages de la municipalité de Miranda de Douro, non loin de la frontière espagnole, et par environ 5.000 autres locuteurs à travers le monde.
Cette langue latine, apparue peu après la chute de l'empire romain, en même temps que le portugais ou le castillan, est un mélange de léonais, parlé aujourd'hui encore dans les Asturies (nord de l'Espagne), et de portugais.

La traduction de cet album en mirandais est un pas important pour la reconnaissance de cette langue en perte de vitesse.
"Des initiatives comme celle-ci permettent au mirandais, qui a beaucoup de mal à sortir de l'anonymat, de se faire connaître", fait valoir M. Ferreira. "Le livre sera par exemple exposé à Bruxelles le mois prochain à l'occasion de la sortie du 33e album" des aventures d'Astérix.
L'étude et l'enseignement de cette langue, qui dérive du léonais parlé dans le royaume de Léon au XIIe siècle, se sont considérablement renforcés depuis sa reconnaissance officielle par le gouvernement portugais.
Une moyenne de cinq à six livres en mirandais sont publiés tous les ans, tandis que plusieurs titres de la presse locale et régionale consacrent une partie de leurs publications à des articles en mirandais.
Si le mirandais n'a jamais été directement combattu par le pouvoir politique, comme le fut le catalan en Espagne sous la dictature de Franco, cet idiome a subi de nombreuses attaques indirectes au fil des siècles.
"Le pouvoir central n'a jamais vu le mirandais comme une menace, car les habitants de la région n'ont jamais remis en cause leur intégration au Portugal. Bien au contraire, au fil des crises entre l'Espagne et le Portugal, ils ont toujours pris parti pour le royaume du Portugal", explique M. Ferreira.
Mais l'obligation de communiquer en portugais dans les administrations ou à l'église, a contribué à affaiblir le mirandais et à le faire assimiler par les habitants de la région à un dialecte archaïque du portugais.
"Ceci est complètement faux", lance M. Ferreira. "Aujourd'hui, nous cherchons à nous affirmer comme le faisait Astérix avec intelligence et humour. Nous n'avons pas de potion magique comme lui, mais nous n'avons pas besoin de recourir à la force pour cela", conclut M. Ferreira.
2 Comments:
Je ne savais pas que le Portugal avait officialisé une seconde langue!
moi non plus c'est pas mal!!
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